Distance des doigts aux touches
Optimisation de la rangée du milieu
Lors de l’apprentissage de la dactylographie, il est enseigné que les doigts doivent reposer sur la rangée du milieu (QSDF et JKLM en AZERTY). En particulier, il y a souvent une petite bosse sur les touches de repos pour les index, qui sont donc F et J en AZERTY.
➜ L’idée est de taper sur une touche, puis de tout de suite replacer le doigt sur la rangée du milieu. Cela permet de toujours être capable de bouger rapidement dans n’importe quelle direction, un peu comme un sportif se replace toujours au milieu du terrain au cours d’un match.
Il est alors logique de se dire que nos doigts étant la plupart du temps sur la rangée du milieu, autant y placer les lettres les plus fréquemment utilisées. En procédant ainsi, il n’y a presque plus besoin de bouger les doigts, juste à presser les lettres de la rangée de repos et parfois atteindre les rangées supérieures ou inférieures pour les lettres les moins fréquentes.
Pourtant, le QWERTY (et donc l’AZERTY) ne fait pas mieux qu’une disposition aléatoire sur ce
point. Son origine fait l’objet de multiples théories. L’une des plus connues avance qu’elle
aurait été conçue pour réduire les risques d’enchevêtrement des marteaux sur les premières
machines à écrire. Cependant, cette explication est remise en question par de nombreuses
personnes. D’autres motivations, notamment d’ordre commercial, ont également pu influencer ce
choix. À titre d’exemple, la rangée supérieure des touches aurait été organisée de façon à
permettre d’écrire aisément le mot
Certaines des touches ayant les fréquences d’apparition les plus rares (en français et en anglais) sont sur ces excellents emplacements comme le Q, le F, le J et le K. Pire, la quasi-totalité des touches les plus utilisées se retrouvent en fait sur la rangée du dessus (AZERTYUIOP). C’est notamment le cas de toutes les voyelles (sauf du A en QWERTY), dont le nombre est faible comparé au nombre de consonnes, mais qui sont toutefois incontournables pour l’écriture de chaque mot.
En français et en anglais, le E est de très loin la lettre la plus fréquente.
Viennent ensuite les voyelles A, I, O et U, ainsi
que les consonnes S, N, T et R.
Optimisation selon la force des doigts
Une fois que les lettres les plus fréquentes ont été placées sur la rangée du milieu, il reste encore beaucoup à faire. En effet, chaque doigt a une force différente. Ainsi, un pouce a plus de force qu’un index, qui a plus de force qu’un majeur, qui a plus de force qu’un annulaire, qui a plus de force qu’un auriculaire. Il est facile de s’en rendre compte : presser fort de l’index sur une table, puis tenter de faire de même avec son auriculaire met en lumière cette différence.
Par conséquent, ce constat de la force des doigts pris en compte, les meilleurs emplacements sont ceux sur la rangée de repos, en partant de l’index pour aller vers l’annulaire. Puis, les meilleurs emplacements seront sur les touches au-dessus et en-dessous de la rangée de repos, en partant là encore de l’index pour aller vers l’annulaire.
La rangée des chiffres est donc encore moins accessible, car il faut traverser deux rangées depuis la rangée de repos pour l’atteindre. C’est pour cette raison que laisser le É sur cette ligne comme en AZERTY est une très mauvaise idée, car cette lettre est beaucoup utilisée en français. Par exemple, en français, le É est environ 2 fois plus fréquent que le J, dont la touche est pourtant en AZERTY sur l’un des meilleurs emplacements du clavier : la touche de repos de l’index.
Enfin, contrairement à BÉPO ou Optimot,
Comme le montre le clavier ci-dessus, les lettres les plus fréquentes sont bien sur la rangée du
milieu en
Attention toutefois, car ces fréquences vont varier selon le texte analysé et la langue de celui-ci. Vous trouverez plus de détails sur la page Benchmarks.
Minimisation des SFBs
La disposition AZERTY est extrêmement mauvaise au vu de la distance nécessaire pour atteindre les touches les plus fréquentes. Toutefois, c’est loin d’être son seul défaut. L’un de ses autres problèmes majeurs est son grand nombre de SFB « Same Finger Bigram », c’est-à-dire nécessiter le même doigt pour taper deux lettres qui se suivent. Par exemple, en AZERTY un SFB serait UN qui implique d’utiliser l’index droit pour appuyer successivement sur ces deux touches. Et pourtant, cette combinaison est si fréquente en français…s.
Qu’est-ce qu’un SFB « Same Finger Bigram », c’est-à-dire nécessiter le même doigt pour taper deux lettres qui se
suivent. Par exemple, en AZERTY un SFB serait UN qui implique d’utiliser l’index droit
pour appuyer successivement sur ces deux touches. Et pourtant, cette combinaison est si fréquente
en français… ? C’est le fait de devoir taper deux touches d’affilée avec exactement le même doigt. Par exemple, c’est taper DE en AZERTY : il faut d’abord utiliser le majeur gauche pour taper D, puis le remonter d’une rangée pour atteindre le E. Avec
Il est donc impossible de paralléliser sa frappe lors d’un SFB « Same Finger Bigram », c’est-à-dire nécessiter le même doigt pour taper deux lettres qui se suivent. Par exemple, en AZERTY un SFB serait UN qui implique d’utiliser l’index droit pour appuyer successivement sur ces deux touches. Et pourtant, cette combinaison est si fréquente en français…. Suivre un chemin linéaire est nécessaire : d’abord taper la première touche, puis bouger son doigt pour atteindre la deuxième, puis enfin frapper la deuxième touche, toujours avec le même doigt. Impossible de déplacer deux doigts en même temps pour ne plus avoir qu’à taper dans le bon ordre sur les touches atteintes. Le pire est quand ces SFB « Same Finger Bigram », c’est-à-dire nécessiter le même doigt pour taper deux lettres qui se suivent. Par exemple, en AZERTY un SFB serait UN qui implique d’utiliser l’index droit pour appuyer successivement sur ces deux touches. Et pourtant, cette combinaison est si fréquente en français…s constituent la majorité de nos frappes, ce qui se produit si l’on utilise une disposition non optimisée comme AZERTY.
Une combinaison de deux touches, c’est-à-dire deux caractères qui se suivent, est appelée bigramme (ou digramme). Pour optimiser une disposition clavier, il faut s’assurer que les bigrammes les plus fréquents ne se fassent pas avec le même doigt : on parle de limiter les Same Finger Bigrams.
➜ Cette tâche est bien plus difficile qu’on puisse le penser, car certaines lettres comme le E ou le R se combinent avec presque toutes les autres. Il faut alors choisir de les
regrouper avec les lettres faisant les bigrammes les moins fréquents. Par conséquent, la
suppression totale des SFB « Same Finger Bigram », c’est-à-dire nécessiter le même doigt pour taper deux lettres qui se
suivent. Par exemple, en AZERTY un SFB serait UN qui implique d’utiliser l’index droit
pour appuyer successivement sur ces deux touches. Et pourtant, cette combinaison est si fréquente
en français…s est impossible. Toutefois, il est quand même possible de les
réduire drastiquement. C’est ce que fait
Alternance des mains
L’alternance des mains est très importante pour garantir une bonne fluidité de frappe, et donc un meilleur confort. L’objectif est d’essayer d’avoir le plus possible d’alternance des mains lors de la frappe du texte : main droite, puis main gauche, main droite, main gauche, etc.
Cette alternance des mains permet de ne pas surutiliser l’une des deux mains en n’en utilisant qu’une pour taper la majorité du texte. Cela se ferait en effet au détriment de l’autre main qui resterait au-dessus de sa partie du clavier, à attendre de pouvoir enfin entrer en jeu. Ainsi, avec une bonne alternance des mains, pendant qu’une main frappe une touche, l’autre peut se replacer sur la rangée du milieu et se préparer à frapper la suivante.
Si la touche suivante est sur la même main que la touche précédente (sauf éventuellement avec un roulement, cf. la partie suivante), la frappe sera moins confortable. Imaginez que vous deviez atteindre le C de l’AZERTY, puis le R, pour écrire CR, un bigramme très courant en français et anglais. Dans ce cas, vous devez d’abord légèrement abaisser votre main pour que le majeur atteigne la rangée du bas pour taper C. Puis, il faut que l’index atteigne quant à lui la rangée du haut pour taper R. En résulte un sentiment d’inconfort avec deux doigts proches mais qui doivent aller dans des directions différentes. Le terme technique pour un enchaînement de ce type est appelé ciseau, car les doigts font un grand écart pour atteindre des rangées complètement différentes. Au contraire, en "parallélisant" les frappes sur les deux mains, le résultat se révèle bien plus satisfaisant et ces ciseaux sont évités.
L’alternance des mains a une limite. Il est impossible d’alterner parfaitement à chaque frappe. C’est pourquoi, une fois une alternance maximale atteinte, il faut encore améliorer l’expérience de frappe dans le cas où deux touches de la même main doivent être frappées d’affilée. C’est là qu’interviennent les roulements, présentés en détail dans la section suivante.
Optimisation des roulements
L’optimisation de l’alternance des mains engendre que lors de l’utilisation d’une main pour frapper une touche, il y a une forte probabilité que le frappe suivante se produise avec l’autre main. Toutefois, cela n’arrive pas dans la totalité des cas, c’est pourquoi il convient de s’assurer que le plus possible de frappes intra-mains se réalisent à l’aide de roulements, aussi appelés rolls en anglais.
Un roulement consiste à frapper deux touches avec la même main, sans que cela n’entraîne de SFB « Same Finger Bigram », c’est-à-dire nécessiter le même doigt pour taper deux lettres qui se suivent. Par exemple, en AZERTY un SFB serait UN qui implique d’utiliser l’index droit pour appuyer successivement sur ces deux touches. Et pourtant, cette combinaison est si fréquente en français… ni de ciseau. Généralement, la frappe est tellement rapide que la première touche n’est pas encore relâchée que le seconde est déjà pressée. Cela donne une impression très agréable de "rouler" sur les touches.
Cependant, tous les roulement ne se valent pas. Les meilleurs sont ceux sur deux doigts consécutifs et jamais à plus d’une rangée d’écart. Cela évite tout problème de coordination, car s’il faut "sauter" un doigt, par exemple pour utiliser l’index puis l’annulaire, le mouvement peut être plus lent et le risque de se tromper un peu plus élevé. Par exemple, un roulement est le PO de l’AZERTY ou le ST du BÉPO (idéalement, car mouvement horizontal). Sinon, c’est éventuellement le SE de l’AZERTY ou le DR du BÉPO. Toutefois, ce n’est pas le CE de l’AZERTY ni le GL du BÉPO.
La disposition
Les roulements d’
Bons bigrammes voyelle-voyelle
- AI ;
- AU ;
- EU et UE ;
- ÉE ;
- IE et EI ;
- IO et OI ;
- OU ;
- YE ;
- YO.
Avec même quelques trigrammes très confortables :
- AIE : notamment pour écrire AIENT (avec en plus NT qui est lui aussi un roulement, que demander de plus ?) ;
- IEU ;
- OUI ;
- YOU.
Bons bigrammes consonne-consonne
- CH : ce bigramme est extraordinaire, une fois habitué il est difficile de s’en passer ;
- CR ;
- D’ ;
- GR ;
- LD : fréquent en anglais (OLD, COULD, SHOULD, WOULD, etc.) ;
- NC ;
- ND : extrêmement fréquent, notamment pour tous les AND en anglais ;
- NG : pour tous les -ING en anglais ;
- NS et SN ;
- NT : c’est le bigramme consonne-consonne le plus fréquent en français ;
- PL ;
- RS ;
- SH ;
- TH : c’est le bigramme le plus fréquent, et de loin, en anglais et il est ultra-confortable ;
- TR et RT .
Avec même quelques trigrammes très confortables :
- NTR ;
- GHT : très fréquent en anglais pour tous les -OUGHT et -IGHT ;
Autres bons bigrammes
- OW : très utilisé en anglais (ALLOW, DOWN, FOLLOW, HOW, KNOW, NOW, OWN, SHOW, etc.) ;
- WO : très utilisé en anglais (TWO, WOMAN, WORD, WORK, WORLD, WORTH, WOULD, etc.) ;
- += : utilisé en programmation pour incrémenter.
Chiffres en accès direct et couche AltGr de symboles
Les chiffres sont en accès direct sur les dispositions QWERTY ou encore DVORAK, mais pas en AZERTY, BÉPO ni Optimot. Chaque manière de faire a ses avantages, car en AZERTY les symboles sont alors directement accessibles et donc plus facilement réalisables. En revanche, il devient compliqué d’écrire un nombre en plein milieu d’une phrase, car cela nécessite de passer en Shift momentanément pour l’écrire.
Avoir les chiffres en accès direct permet d’écrire très rapidement des nombres. C’est un réel gain en confort. La rangée des chiffres n’est de toute façon pas très
accessible. Par conséquent, il vaut mieux placer les symboles qu’elle contenait sur la couche AltGr qui est plus proche des doigts. C’est exactement ce que fait
Placement logique des symboles
Afin de faciliter la mémorisation ainsi que de réduire la charge cognitive, les touches de la disposition sont, le plus possible, placées logiquement. C’est notamment le cas grâce à une séparation des lettres par main : les voyelles sont toutes présentes à gauche et les consonnes à droite (sauf le W, le B et le K). En outre, le placement logique des caractères est particulièrement présent sur la couche AltGr :
- AltGr + À ➜
\ car le \ est au-dessus du A (Le\ était auparavant sur le È et le` sur le À, car plus logique. Cependant, cela a finalement été déplacé pour placer plus près ce symbole qui est très utilisé en programmation, notamment en LaTeX.) ; - AltGr + C ➜
ç car la cédille est sous le C ; - Shift + AltGr + U ➜
µ car cette touche morte permettant d’écrire les lettres grecques (α, β, γ, δ…), dont µ (MU) ; - Shift + AltGr + E ➜
ᵉ car c’est la touche morte Exposant ; - AltGr + É ➜
/ car le / est au-dessus du E ; - AltGr + È ➜
` car le ` est au-dessus du E ; - AltGr + Ê ➜
^ car le ^ est au-dessus du E ; - AltGr + H ➜
# car c’est la première lettre de Hashtag ; - AltGr + L ➜
= car égaL ; - AltGr + M ➜
& car le nom de ce symbole est aMpersand ; - AltGr + P ➜
+ car c’est la première lettre de Plus ; - Shift + AltGr + R ➜
ℝ car c’est la touche morte pour écrire les ensembles mathématiques (ℕ, ℤ, ℚ, ℝ, ℂ), dont l'un des plus connus est R ; - Shift + AltGr + T ➜
◌̈ car c’est la touche morte Tréma ; - AltGr + V ➜
| car c’est la barre Verticale ; - AltGr + X ➜
* car x ressemble au fois.
D’autres sont placées par paires l’une à côté de l’autre :
- AltGr + A ➜
< et AltGr + I ➜> ; - Shift + AltGr + A ➜
≤ et Shift + AltGr + I ➜≥ ; - AltGr + E ➜
{ et AltGr + U ➜} ; - AltGr + S ➜
( et AltGr + N ➜) ; - AltGr + T ➜
[ et AltGr + R ➜] ; - AltGr + B ➜
« et AltGr + F ➜» ; - Shift + AltGr + B ➜
“ et Shift + AltGr + F ➜” .
À noter que les touches sont aussi placées le plus possible par distance selon leur fréquence d’utilisation. Ainsi, les paires de touches très utilisées (), {}, <> et [] sont toutes sur la rangée du milieu.
Ponctuations avec espace insécable automatique
Les ponctuations ;, :, ? et ! ont une particularité. En effet, lors de l’utilisation de Shift, elles sont automatiquement envoyées avec un espace insécable qui les précède. Les espaces insécables ne sont pas disponibles en AZERTY, et c’est très dommage. Ce sont des espaces qui ont pour comportement de toujours rester collés au texte qui les précède et les suit.
Ainsi, vous n’aurez plus jamais de
En revanche, en utilisant AltGr, la ponctuation seule est renvoyée. Cette méthode permet d’écrire dans un français impeccable en Shift, tout en programmant normalement avec la couche AltGr, qui contient d’ailleurs tout le reste des symboles nécessaires à l’écriture de code.
Ainsi, il est facile de se rappeler où est quoi :
- le français est en Shift ;
- la programmation est en AltGr.
Optimisation pour l’utilisation à une main
Lors de l’utilisation d’un ordinateur, la plupart du temps la souris est tenue de la main droite et la main gauche repose près de la partie gauche du clavier. Quand vient le moment de taper sur une touche ou de réaliser une combinaison de touches pour faire un raccourci, il est bien souvent nécessaire de bouger la main droite. Celle-ci doit se déplacer de la souris à la partie droite du clavier, taper dessus, puis retourner à la souris pour continuer la navigation.
Par conséquent, il est également important de s’assurer que, grâce à sa disposition clavier, beaucoup d’actions courantes puissent se réaliser avec la seule main gauche afin de ne pas avoir à lâcher la souris. À noter que sur ce point AZERTY est très bon, car X, C, V et de nombreuses autres lettres fréquemment utilisées pour faire des raccourcis en combinaison avec Ctrl sont du côté gauche.
Conservation des raccourcis Ctrl + X, C, V et Z
Les raccourcis
Touches de raccourci sur la version Ergodox
La version d’
Touches de raccourci sur la version ISO
La version ISO (pour claviers standards) ne peut quant à elle malheureusement pas bénéficier des touches de raccourci de la version Ergodox, car les touches à sa gauche sont déjà occupées par les touches Shift, CapsLock et Tab contrairement à l’Ergodox où l’on peut placer ces 3 touches sous les pouces.